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Dom Juan de Molière au Théâtre Royal du Parc

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Photo Isabelle DE BEIR.


Dom Juan de Molière au Théâtre Royal du Parc… ou le 350è anniversaire d’une pièce audacieuse…


Emmener des rhétoriciens au théâtre, en soirée, pour une représentation de Dom Juan de Molière, une gageure ? Non, un réel plaisir pour les professeurs de Saint-Roch surtout lorsqu’ils voient les mines réjouies de leurs élèves et qu’ils entendent ou lisent leurs commentaires souvent pleins de finesse et de précision…

C’est en amateurs éclairés, après la lecture de la pièce, qu’ils ont apprécié la mise en scène de Thierry Debroux. Celui-ci, avec quelques adaptations, a conféré de la fraîcheur à l’ensemble sans rien trahir de l’esprit du texte.

Si une de nos étudiantes qualifie la pièce de « moderne », c’est la preuve qu’un texte qui parle de liberté, d’hypocrisie, de Dieu est intemporel et c’est la culture qui invite à remettre l’actualité à sa juste place. Le mythe de Dom Juan traverse le temps et si le séducteur, tour à tour, fait sourire ou horripile le spectateur, il l’amène à s’interroger sur les valeurs qui constituent le ciment de son existence.

C’est en cela que la pièce est tragique et la mise en scène le rappelait, par exemple, en nous faisant compatir à la douleur de Dom Luis, effondré devant ce fils ingrat mais prêt encore une fois à pardonner en ignorant que, jusqu’au bout, son fils se jouera de sa bonté… Luc Van Grunderbeeck est grandiose dans ce rôle où la retenue convainc plus que les coups d’éclat…

Mais l’instant d’après, Thierry Debroux ramène le rire par une scène burlesque en inventant le personnage de Madame Dimanche qui nous plonge dans la commedia dell’arte…

Quant à Dom Juan, si c’est à Bernard Yerlès, plein de fougue et de verve que ressemble cet homme odieux, affamé de conquêtes, comment le détester ? Non, il y a méprise… En outre, il permet à Benoît Van Dorslaer de donner à son personnage de Sganarelle toute sa dimension ; moins bouffon que notre imagination ne nous le représentait, même si le rire est encore souvent présent, il annonce déjà la revanche des valets au siècle suivant… Une profondeur dans laquelle s’engouffrera le Sganarelle de la Nuit de Valognes (E-E Schmitt) mais c’est une autre histoire…


Encore un mot pour saluer les décors à la fois épurés, contemporains, de bon aloi, très diversifiés - mais Molière ne respectait pas l’unité de lieu - et qui reflètent toujours le travail minutieux réalisé au théâtre du Parc. Un seul bémol, peut-être, concernant la statue du Commandeur plus grotesque qu’effrayante mais le burlesque et le tragique ne se disputeront-ils pas le dernier mot ? C’est au talent du dramaturge que nous devrons de rester en cette matière sur notre faim.


Manuela DI CIOCCIO


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