Jean-Marie Vanguestaine, évocation
Jean-Marie Vanguestaine est décédé ce 23 décembre. Ancien professeur d’éducation physique, ancien élève (rh.55), papa de Damien, membre du comité des anciens, naturaliste et guide-nature reconnu et apprécié dans toute la région, personnalité chaleureuse et attachante, sa disparition a provoqué une grande émotion dans la région de Ferrières.
Evocation par Maurice Tromme (rh.57), ancien collègue et ami, puis par Anne-Marie Colin (de Burnontige), amie de longue date.
Evocation par Maurice Tromme (rh.57), ancien collègue et ami, puis par Anne-Marie Colin (de Burnontige), amie de longue date.
JEAN-MARIE...
Jean-Marie vient de nous quitter. Sans prévenir, il a franchi le pas, il a fait le grand saut, le voilà sur l’autre rive. Depuis quelques mois, une méchante maladie, insidieuse et irrémédiable, lui détruisait une à une les cellules du cerveau. Non, ce n’était plus vraiment Jean-Marie, celui que nous allions visiter ces dernières semaines. Le vrai Jean-Marie, c’est celui de tous les souvenirs encore vivaces qui aujourd’hui surgissent dans notre mémoire.
Le Jean-Marie de St-Roch, celui qu’ont connu ses anciens condisciples, puis ses élèves et ses collègues. Professeur rigoureux et consciencieux, il a su mettre en valeur sa conviction profonde selon laquelle il n’y a pas de formation valable sans éducation physique. Parmi ses anciens collègues, il a su se faire de nombreux amis. Syndicaliste convaincu, il s’est investi à fond dans la défense de la profession et des droits des plus faibles ; avec ses contradicteurs, il pouvait se montrer dur et opiniâtre mais jamais blessant.
Il y a le Jean-Marie engagé en politique. Convaincu par les valeurs qu’il voulait défendre, il ne transigeait pas avec ses principes et supportait mal les compromissions et les ambitions, trop fréquentes dans ce milieu. Il a connu des adversaires mais sans doute pas des ennemis ; il a forcé le respect et l’estime de tous, y compris de ceux qu’il ne pouvait convaincre.
Il y a le Jean-Marie grand amoureux de la nature et défenseur de l’environnement. S’il est un domaine où il a consacré le meilleur de ses énergies, surtout depuis sa retraite, c’est bien celui-là. Guide-nature, curieux de tout ce qui touchait aux plantes, aux fleurs et à la faune de notre région, il avait accumulé dans ce domaine une somme impressionnante de connaissances ; il savait captiver et motiver, communiquer son émerveillement devant le miracle permanent de la création. Mais il savait aussi clamer sa grande inquiétude, son indignation devant les agressions de plus en plus virulentes qui détruisent les écosystèmes, qui menacent l’équilibre et même la survie de notre planète.
Il y a le Jean-Marie passionné par tout ce qu’il entreprenait et passionnant quand il voulait le faire partager. Curieux de tout, il lisait énormément, étudiait les langues étrangères, s’intéressait à des tas de sujets sur lesquels il voulait se forger une opinion ; je me souviens personnellement de discussions interminables sur des questions qui lui tenaient à coeur. Les voyages qu’il n’a pas pu faire sur le terrain, il les a faits dans les livres.
Il y a le Jean-Marie homme de conviction. Tous les combats qu’il a menés, les causes qu’il a défendues, c’est au nom de la foi qui l’animait et qu’il savait affirmer sans jamais vouloir heurter ; foi en l’homme et foi en Dieu, deux concepts qui pour lui ne faisaient qu’un.
Il y a le Jean-Marie époux et papa. Avec Cécile, il a formé un couple attachant que les vicissitudes du temps ont contribué à renforcer. Le départ inopiné de Marie-Françoise a ouvert chez eux une plaie béante, une détresse immense qu’ils ont tâché de porter à deux, avec le soutien attentif et combien précieux d’Anne, de Damien et d’Elisabeth. Et lorsque l’implacable maladie s’est emparée de son mari, lorsque Jean-Marie perdait peu à peu sa dignité d’homme, nous avons vu les trésors de tendresse que Cécile continuait à lui prodiguer. Quelle beau témoignage de fidélité, Cécile!
Jean-Marie s’en est allé la veille de Noël. Noël, fête de la naissance. Jean-Marie nous a quittés pour une nouvelle naissance au moment même où la nuit la plus longue commence à céder le pas à la lumière du jour. Noël, c’est la promesse du printemps qui bientôt va revenir, des bourgeons et des fleurs qui vont éclore, de la nature qui va renaître ! C’est l’espérance portée par l’enfant-Dieu d’un monde meilleur, plus fraternel, plus respectueux de la création. Ce sont bien ces valeurs-là, les valeurs de la vie, que Jean-Marie a défendues dans tous ses engagements. Soyons certains qu’il ne l’a pas fait en vain.
Adieu l’ami. On t’aimait bien, tu sais.
M.Tromme
Ferrières, 27 décembre 2008
Jean-Marie, un homme pour notre temps
Jean-Marie, un homme pour les deux communautés fondatrices de l’être humain: la famille et le milieu scolaire.
Comment résumer sa manière d’être et d’agir? A la fois compagnon de vie, père, bon-papa, guide, ami, confident, conseiller, éveilleur de conscience…. D’aucuns parleront de lui comme d’un homme décentré de lui-même, attentif à chacun et généreux de son temps et de sa personne.
Jean-Marie, un homme pour sa communauté locale.
Dès que les bases de sa famille furent édifiées, Jean-Marie partit vers des territoires nouveaux qui ont pour nom : le bien commun. Pour lui, les mots « démocratie, égalité entre citoyens, service pour tous, respect et droits de l’homme » ne furent pas des mots ronflants et creux lancés dans des réunions animées. Ces notions prirent chair en lui et le conduisirent vers des chemins insoupçonnés. Il défendit ses idées de gestion en bon père de famille avec opiniâtreté, suscitant des appuis mais aussi des réactions voire des incompréhensions. Il tenait bon, sachant son combat juste. Pour lui vivre, c’était agir et agir, c’était lutter.
Cependant, il ne négligeait pas les petites actions modestes, telle celle menée dernièrement avec ses compagnons pour la mise en valeur de notre petit patrimoine rural.
Jean-Marie, un homme pour notre mère la Terre.
Avant beaucoup d’autres, il a pris conscience des menaces sur la qualité de notre milieu de vie. Il a vu se dégrader nos sols, nos sources, notre climat. Il a appréhendé la disparition programmée de plantes et d’animaux de toutes tailles et toutes espèces et l’impact sur la vie des humains.
S’inspirant d’un sage indien, il aimait répéter : « La Terre ne nous appartient pas ; nous l’empruntons à nos enfants ». Pour lui, il fallait agir au plus vite pour sauvegarder la qualité de vie d’aujourd’hui et de demain. Dès lors, il fut pionnier d’actions pour protéger des espèces particulièrement menacées. D’autre part, il fit découvrir tant de fois le potentiel naturel de notre commune.
Mais où puisait-il la persévérance et la ténacité pour poursuivre ses objectifs ? Peut-être au cours des longues heures passées près de sa maison, courbé vers son potager, maniant le terre avec gratitude. Il y exécutait les gestes simples ancestraux depuis la nuit des temps, s’insérant ainsi dans l’œuvre de la création.
Jean-Marie, un homme pour aujourd’hui et demain, pour ici et ailleurs.
Le départ de Jean-Marie nous laisse désemparés ; nous gardons de lui une partie de nos balises et de nos points d’ancrage. Ses préoccupations resteront les nôtres pour un avenir meilleur et plus juste. Son image d’homme engagé trouvera en nous sa demeure.
Cher Jean-Marie, te voilà libéré de l’espace et du temps. Désormais ta destinée n’a plus de fin. Tu files dans le cosmos que tu aimais évoquer à la découverte de l’inconnu, de l’inaccessible, de l’inattendu à qui tu donnes un nom. Tu glisses dans le tourbillon vertigineux d’autres espaces-temps.
Mais, si possible, à l’occasion, envoie-nous un petit signe.
Anne-Marie Colin
Jean-Marie vient de nous quitter. Sans prévenir, il a franchi le pas, il a fait le grand saut, le voilà sur l’autre rive. Depuis quelques mois, une méchante maladie, insidieuse et irrémédiable, lui détruisait une à une les cellules du cerveau. Non, ce n’était plus vraiment Jean-Marie, celui que nous allions visiter ces dernières semaines. Le vrai Jean-Marie, c’est celui de tous les souvenirs encore vivaces qui aujourd’hui surgissent dans notre mémoire.
Le Jean-Marie de St-Roch, celui qu’ont connu ses anciens condisciples, puis ses élèves et ses collègues. Professeur rigoureux et consciencieux, il a su mettre en valeur sa conviction profonde selon laquelle il n’y a pas de formation valable sans éducation physique. Parmi ses anciens collègues, il a su se faire de nombreux amis. Syndicaliste convaincu, il s’est investi à fond dans la défense de la profession et des droits des plus faibles ; avec ses contradicteurs, il pouvait se montrer dur et opiniâtre mais jamais blessant.
Il y a le Jean-Marie engagé en politique. Convaincu par les valeurs qu’il voulait défendre, il ne transigeait pas avec ses principes et supportait mal les compromissions et les ambitions, trop fréquentes dans ce milieu. Il a connu des adversaires mais sans doute pas des ennemis ; il a forcé le respect et l’estime de tous, y compris de ceux qu’il ne pouvait convaincre.
Il y a le Jean-Marie grand amoureux de la nature et défenseur de l’environnement. S’il est un domaine où il a consacré le meilleur de ses énergies, surtout depuis sa retraite, c’est bien celui-là. Guide-nature, curieux de tout ce qui touchait aux plantes, aux fleurs et à la faune de notre région, il avait accumulé dans ce domaine une somme impressionnante de connaissances ; il savait captiver et motiver, communiquer son émerveillement devant le miracle permanent de la création. Mais il savait aussi clamer sa grande inquiétude, son indignation devant les agressions de plus en plus virulentes qui détruisent les écosystèmes, qui menacent l’équilibre et même la survie de notre planète.
Il y a le Jean-Marie passionné par tout ce qu’il entreprenait et passionnant quand il voulait le faire partager. Curieux de tout, il lisait énormément, étudiait les langues étrangères, s’intéressait à des tas de sujets sur lesquels il voulait se forger une opinion ; je me souviens personnellement de discussions interminables sur des questions qui lui tenaient à coeur. Les voyages qu’il n’a pas pu faire sur le terrain, il les a faits dans les livres.
Il y a le Jean-Marie homme de conviction. Tous les combats qu’il a menés, les causes qu’il a défendues, c’est au nom de la foi qui l’animait et qu’il savait affirmer sans jamais vouloir heurter ; foi en l’homme et foi en Dieu, deux concepts qui pour lui ne faisaient qu’un.
Il y a le Jean-Marie époux et papa. Avec Cécile, il a formé un couple attachant que les vicissitudes du temps ont contribué à renforcer. Le départ inopiné de Marie-Françoise a ouvert chez eux une plaie béante, une détresse immense qu’ils ont tâché de porter à deux, avec le soutien attentif et combien précieux d’Anne, de Damien et d’Elisabeth. Et lorsque l’implacable maladie s’est emparée de son mari, lorsque Jean-Marie perdait peu à peu sa dignité d’homme, nous avons vu les trésors de tendresse que Cécile continuait à lui prodiguer. Quelle beau témoignage de fidélité, Cécile!
Jean-Marie s’en est allé la veille de Noël. Noël, fête de la naissance. Jean-Marie nous a quittés pour une nouvelle naissance au moment même où la nuit la plus longue commence à céder le pas à la lumière du jour. Noël, c’est la promesse du printemps qui bientôt va revenir, des bourgeons et des fleurs qui vont éclore, de la nature qui va renaître ! C’est l’espérance portée par l’enfant-Dieu d’un monde meilleur, plus fraternel, plus respectueux de la création. Ce sont bien ces valeurs-là, les valeurs de la vie, que Jean-Marie a défendues dans tous ses engagements. Soyons certains qu’il ne l’a pas fait en vain.
Adieu l’ami. On t’aimait bien, tu sais.
M.Tromme
Ferrières, 27 décembre 2008
Jean-Marie, un homme pour notre temps
Jean-Marie, un homme pour les deux communautés fondatrices de l’être humain: la famille et le milieu scolaire.
Comment résumer sa manière d’être et d’agir? A la fois compagnon de vie, père, bon-papa, guide, ami, confident, conseiller, éveilleur de conscience…. D’aucuns parleront de lui comme d’un homme décentré de lui-même, attentif à chacun et généreux de son temps et de sa personne.
Jean-Marie, un homme pour sa communauté locale.
Dès que les bases de sa famille furent édifiées, Jean-Marie partit vers des territoires nouveaux qui ont pour nom : le bien commun. Pour lui, les mots « démocratie, égalité entre citoyens, service pour tous, respect et droits de l’homme » ne furent pas des mots ronflants et creux lancés dans des réunions animées. Ces notions prirent chair en lui et le conduisirent vers des chemins insoupçonnés. Il défendit ses idées de gestion en bon père de famille avec opiniâtreté, suscitant des appuis mais aussi des réactions voire des incompréhensions. Il tenait bon, sachant son combat juste. Pour lui vivre, c’était agir et agir, c’était lutter.
Cependant, il ne négligeait pas les petites actions modestes, telle celle menée dernièrement avec ses compagnons pour la mise en valeur de notre petit patrimoine rural.
Jean-Marie, un homme pour notre mère la Terre.
Avant beaucoup d’autres, il a pris conscience des menaces sur la qualité de notre milieu de vie. Il a vu se dégrader nos sols, nos sources, notre climat. Il a appréhendé la disparition programmée de plantes et d’animaux de toutes tailles et toutes espèces et l’impact sur la vie des humains.
S’inspirant d’un sage indien, il aimait répéter : « La Terre ne nous appartient pas ; nous l’empruntons à nos enfants ». Pour lui, il fallait agir au plus vite pour sauvegarder la qualité de vie d’aujourd’hui et de demain. Dès lors, il fut pionnier d’actions pour protéger des espèces particulièrement menacées. D’autre part, il fit découvrir tant de fois le potentiel naturel de notre commune.
Mais où puisait-il la persévérance et la ténacité pour poursuivre ses objectifs ? Peut-être au cours des longues heures passées près de sa maison, courbé vers son potager, maniant le terre avec gratitude. Il y exécutait les gestes simples ancestraux depuis la nuit des temps, s’insérant ainsi dans l’œuvre de la création.
Jean-Marie, un homme pour aujourd’hui et demain, pour ici et ailleurs.
Le départ de Jean-Marie nous laisse désemparés ; nous gardons de lui une partie de nos balises et de nos points d’ancrage. Ses préoccupations resteront les nôtres pour un avenir meilleur et plus juste. Son image d’homme engagé trouvera en nous sa demeure.
Cher Jean-Marie, te voilà libéré de l’espace et du temps. Désormais ta destinée n’a plus de fin. Tu files dans le cosmos que tu aimais évoquer à la découverte de l’inconnu, de l’inaccessible, de l’inattendu à qui tu donnes un nom. Tu glisses dans le tourbillon vertigineux d’autres espaces-temps.
Mais, si possible, à l’occasion, envoie-nous un petit signe.
Anne-Marie Colin
Par Philco