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Double jeu à Vérone

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L’un de nos élèves de 4ème année, François Lambert, nous a fait parvenir le texte ci-dessous. Un texte de qualité. Merci à lui !


Une pièce du XVIIIe siècle suffit généralement à faire peur au spectateur moyen : texte compliqué, déclamé, ennuyeux et dépassé, voilà ce que l’on pourrait craindre. Mais qu’en est-il avec Les Jumeaux Vénitiens ?


Tonino et Zanetto sont deux frères jumeaux qui ont été élevés séparément. Tous deux se retrouvent en même temps à Vérone et ne connaissent pas la présence de l’autre. Tonino est bien élevé, a peu d’argent, et essaye de se marier avec la belle Béatrice, que ses rivaux tentent de séduire. Zanetto est un peu idiot, rustre, riche et doit conclure un mariage avec la charmante Rosaura. Sans le savoir, les deux frères vont intervenir dans la vie de l’autre, ce qui créera bon nombre de quiproquos.


Ce que l’on remarque d’emblée, c’est que la pièce, sans modifier le texte original, a été modernisée. Les costumes, par exemple, restent, au niveau de la forme, dans le style du XVIIIe siècle, tandis que les matières utilisées évoquent les vêtements d’aujourd’hui. On peut ainsi entrer plus facilement dans la pièce sans pour autant oublier qu’il ne s’agit que de théâtre, comme le confirme la mise en scène. Celle-ci dévoile peu à peu les coulisses, où les acteurs attendent patiemment de rentrer sur scène sans jamais vraiment la quitter et où la maquilleuse intervient de temps à autre pour donner un micro ou un nouvel élément de costume. Les comédiens interprètent à la fois deux rôles : leur personnage et eux-mêmes, ce qui ne fait qu’insister sur la gémellité, le double, thème central de la pièce. Le concept est poussé encore plus loin avec la prestation de Fabrice Murgia qui joue à lui seul les jumeaux Zanetto et Tonino. Il passera de plus en plus vite au fil de la pièce de Zanetto, joué avec un accent liégeois exagéré à l’extrême, à Tonino, distingué. Le changement de l’un à l’autre est admirablement géré par l’acteur, ce qui fait que certains pourraient même ne remarquer ce double rôle que lorsque celui-ci sera clairement montré par Zanetto qui, soudainement, se mettra à parler comme Tonino, à revêtir le costume de ce dernier et à transmettre ainsi le message de la pièce, qui dénoncera, d’une manière simple, mais touchante, l’hypocrisie et le double jeu de prétendus amis. C’est l’un des passages qui est certainement le plus proche de la vision originale de l’auteur, mais qui est cependant l’un des plus forts. Même après trois siècles ce problème reste d’actualité et nous parle encore.


Les Jumeaux Vénitiens est l’exemple parfait de la pièce qui a su être adaptée au goût du jour grâce à une mise en scène aussi raffinée qu’une mise en bouche du « Comme chez soi », à la présence sur scène des comédiens aussi savoureuse qu’un plat de consistance et des costumes comme une cerise sur un gâteau. Tout est mis en oeuvre pour nous faire oublier nos préjugés sur ce théâtre considéré comme vieillot. Ces deux heures et demie passent à toute allure, même pour des adolescents, généralement peu friands de théâtre classique, qui ont adoré le spectacle.

Par François Lambert, élève de 4C

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