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étymologie

La drôle d’histoire du « calepin »

Auteur
Pierre ASSENMAKER
(rh. 2001)
Une fois n’est pas coutume, il ne sera pas question dans cette rubrique de racines latines ou grecques, de suffixes et autres procédés de dérivation. Le mot dont j’ai choisi de vous entretenir aujourd’hui doit son existence à un savant religieux de la Renaissance italienne : Ambrogio Calepio, dit Calepino (1435-1511). Établi à Bergame, ce prêtre membre de l’ordre des ermites augustiniens a consacré une partie importante de sa vie à la rédaction d’un dictionnaire dont la première édition parut en 1502 sous le titre de « Ambrosii Calepini Bergomatis Dictionarium ». Il s’agissait alors d’un dictionnaire unilingue (en latin), mais l’infatigable humaniste ne cessa d’améliorer et compléter son œuvre. En 1509, il publia une nouvelle version de son « Dictionarium », en quatre langues cette fois : hébreux, grec, latin et italien.

Cet ouvrage, qui tenait autant du dictionnaire que de l’encyclopédie, connut un succès immense à travers l’Europe. Il fut réédité à de nombreuses reprises jusqu’au XVIIIe siècle, avec des enrichissements considérables (il y eu des éditions en onze langues !). Comme nous disons aujourd’hui « le Larousse » ou « le Robert », on disait alors « le Calepin », si bien que ce nom propre fut bientôt utilisé comme un nom commun synonyme de dictionnaire. Le mot « calepin » fait ainsi son apparition en français en 1534.

La signification du mot connut une évolution remarquable. Au XVIIe siècle, on employait « calepin » dans le sens de « recueil de renseignements ». C’est à partir du XIXe siècle que le mot est employé dans son acception actuelle pour désigner un petit carnet dans lequel on inscrit des notes diverses. D’un dictionnaire de plusieurs kilos à un mince cahier de poche… L’histoire des mots réserve parfois bien des surprises. Celle de « calepin » ne s’arrête pas là, puisqu’en français de Belgique, on employait jadis le mot calepin pour désigner un cartable, par métonymie du contenu pour le contenant.

Étymologiquement vôtre,
Pierre Assenmaker

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